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samedi 23 février 2008

Le statut de la femme en Chine

Selon la tradition, la femme occupe un rang inférieur dans la société confucéenne. Cette philosophie ancienne implique que les traditions sont plus importantes que les lois régissant l’État. De plus, la soumission d’une personne est essentiellement afin de respecter l’ordre naturel des choses. C’est par la famille que le pays doit grandir et accroître son pouvoir économique. La femme doit obéir à trois grands principes. Tout d’abord, lorsqu’elles sont fillettes, elles doivent obéir à leur père. Ensuite mariées, c’est à leur mari qu’elles doivent se soumettre. Une fois veuve, la femme chinoise demeure sous l’autorité de son fils. Par ce fait, la femme reste une esclave toute sa vie puisque son unique rôle devient celui de génitrice. Même dans cette situation sa valeur est jugée par sa disposition à donner des fils à son mari puisque seul un garçon peut transmettre la race et le nom.

Loin d’être par amour, le mariage d’une femme résulte la plupart du temps par un arrangement dans le but d’une entente monétaire entre les deux familles. Parfois même avant que les deux parties soient nées, les deux familles se lient par entente au sujet des fiançailles quittent à rompre le contrat si les nouveaux-nés sont du même sexe. L’échange de présents permet de sceller cette entente. Ainsi, la famille de la mariée offre une riche dot en cadeau au marié et ce dernier en fait autant. La femme abandonne tous ses droits d’appartenance à sa famille congénitale et devient propriété de sa belle-famille. Les liens avec sa famille originale sont considérablement réduits.

Dans la société traditionnelle, le divorce est quasi impossible à obtenir. La répudiation de la femme, par contre, était une mesure plus courante. Lorsque l’épouse n’obéissait pas à sa belle-famille ou qu’elle ne donnait pas de fils, l’époux pouvait, selon la tradition, la chasser. L’épouse, par contre, si elle est battue ou maltraitée, n’a pas l’autorisation de divorcer puisqu’il lui faut l’accord de son mari pour le faire. Prise dans un mariage qu’elle ne souhaite pas et ne pouvant en sortir, la femme de Chine opte alors, parfois, pour le suicide. Ainsi, la Chine est l’un des rares pays de la planète où les femmes se suicident plus que les hommes.

L’avènement de Mao Tsé-Tong à la tête du Parti Communiste et du pays transforma les conceptions traditionnelles du mariage et de la femme en général. Bien que d’autres lois aient précédées, la loi de 1950 sur le mariage marque un moment clé dans l’histoire. La loi est une dénonciation de l’ancien système qui se basait sur des traditions brimant l’égalité entre l’homme et la femme. Il est proposé d’abolir ces méthodes afin de créer une nouvelle vision des coutumes. Ainsi, la bigamie est interdite tel qu’est aussi le concubinage. Mao espère réformer la méthode d’échange de dots afin de permettre au mariage de devenir un évènement d’égalité et de libre-choix. En fixant un âge limite pour convoler en noces, le gouvernement chinois souhaite permettre aux jeunes de s’éduquer et d’être financièrement indépendant avant de se lier à une autre personne. De plus, cette réglementation permet un contrôle des naissances dans une Chine de plus en plus en expansion. Les droits de la femme sont aussi considérés. Par ce fait, les mesures de divorce sont facilitées lorsqu’un seul parti désire une séparation. Cependant, bien qu’une loi fût établie en 1950, cela ne veut pas dire que les habitudes des gens ont changées pour autant. Dans les premières années, le gouvernement reculera donc un peu devant la peur du divorce qui serait un obstacle à la lutte des classes, dans les conditions actuelles. Ainsi, les priorités sont accordées à la révolution communiste et non à l’émancipation des femmes.

Une autre réalisation féministe qui peut être attribuée au gouvernement maoïste réside en l’abolition de la prostitution (et des concubines) en Chine. Depuis des millénaires, les prostituées étaient tolérées dans la société. Les changements effectués par Mao sont lancés au nom des nécessités de production, plutôt que de la lutte pour la libération de la femme. Le processus d’élimination de la prostitution se déroule dans un climat de destruction à Pékin en un très court laps de temps. Les femmes sont envoyées en rééducation et les proxénètes sont condamnés. En réalité, le commerce des corps se faisait encore, loin des lieux publics, ce qui augmenta le danger dans lequel les femmes ont dû gagner leur revenu.

À la mort de Mao, à la fin des années 1970, le peuple a assisté à un renouveau de la prostitution et à un relâchement dans le contrôle du gouvernement sur ce point suite à la politique d’ouverture vers l’extérieur de Deng Xiaoping. Depuis ce temps, le domaine de la prostitution prend une ampleur considérable sur la place publique. De plus, l’explosion récente du sida et des maladies vénériennes remet en question le libre choix de ces femmes. Entre 1994 et 2000, les cas de VIH ont été multipliés par quinze et les cas de syphilis par vingt-cinq.

De plus, parler sexe reste un tabou. Une des peurs des épouses chinoises est celle de tomber enceinte. En effet, la politique de l’enfant unique en Chine empêche les couples à s’épanouir pleinement. Présente dès l’arrivée du Parti Communiste Chinois au pouvoir, c’est pourtant après la mort de Mao en 1979 que Deng Xiaoping imposa officiellement la politique de restriction des naissances afin de freiner l’augmentation de la population. Par ce fait, il était permis d’avoir qu’un seul enfant par famille vivant en ville. Le couple se voit donc forcer à accepter le sort sur le sexe de leur premier enfant. Tel que décrit auparavant, l’héritage familial se poursuit grâce à la lignée d’un fils. De plus, un fils à le rôle de s’occuper de ses parents lorsque ceux-ci seront à leur retraite. En conséquence, l’infanticide féminin était couramment pratiqué lors de ces dernières années. S’ils respectent la politique d’enfant unique, le couple aura droit à des avantages tels que la gratuité scolaire et médicale. Par contre, si, au contraire, un couple a plus d’un enfant, des sanctions monétaires sévères sont appliquées au couple. Par conséquence, la femme pratique parfois l’avortement lorsqu’elle apprend qu’elle attend une fillette au lieu d’un garçon si désiré. Cet avortement ne se fait pas toujours dans des conditions médicales sécuritaires. La vie et la santé de la femme sont parfois mises en danger.

Cette politique d’enfant unique a, cependant, d’énormes répercussions dans la société chinoise actuelle. Étant donné que les couples choisissent de donner naissance à des garçons avant de choisir d’avoir une fille, l’équilibre démographique est bouleversé. Les hommes sont plus nombreux que les femmes et ont de la difficulté à trouver une épouse parmi la population chinoise féminine. Au recensement de 2000, il y avait trois hommes pour deux femmes en Chine et 93 % des célibataires de plus de 35 ans étaient de sexe masculin.

Le quotidien La Presse publie présentement une série d’articles sur la Chine qui est disponible ici : http://www.cyberpresse.ca/article/20080218/CPMONDE/802161002/7223/CPMONDE

Pour plus d’information :
ATTANÉ, Isabelle. Une Chine sans femmes ?, Éditions Perrin, (inconnu), 2005, 391 pages.
HUA, Chang-Ming. La condition féminine et les communistes chinois en action : Yan’an1935-1946, Éditions de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, 1981, 198 pages.
LEMIEUX, Claude. La Chine, une histoire de famille, Éditions Saint-Martin, Ville Saint-Laurent, 1984, 180 pages.
WANG, Tsang Pao. La femme dans la société chinoise : sa situation sociale, civile et politique, Éditeur A. Pedone, Paris, 1933, 252 pages.

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